lundi 22 décembre 2014

Comment appréhender un tel voyage ?

Lorsque l'on se déplace dans un autre pays, on se confronte à des cultures différentes de la nôtre et un certain nombre de questions se posent alors. Comment appréhender cette différence ? Comment se positionner tout en sachant que cela n'est pas un simple voyage mais un stage, ce qui induit un certain nombre de responsabilités et d'attentes du côté des dirigeants sur place.


Je porte un intérêt particulier aux discours de Luc Paya, intervenant professionnel, dans le cadre de cours sur le partenariat. En effet, il développe l'idée d'une création de langage commun pour pouvoir se parler, se comprendre, s'entendre. Cependant, cela ne nous fait pas perdre pour autant ni notre idéologie ni notre langage propre. Je crois cette dimension de l'échange d'autant plus intéressante au vu du contexte particulier de la situation. Etre en capacité de comprendre l'autre, de dialoguer avec l'autre, ne veut pas dire pour autant oublier ses propres modes de fonctionnement. Cela veut simplement dire qu'il est possible de trouver des valeurs communes sur lesquelles baser l'échange.


Voici quelques éléments d’éclairages à propos du contexte de vie en Afrique s’appuyant sur deux discours singuliers de mon entourage:

1) Une discussion avec une sénégalaise, étudiante en France depuis 5 ans. Ses paroles : « tu verras, quand tu seras en Afrique, tu vas perdre toutes tes illusions », « On reparlera de tes illusions », « Les gens ont d'autres choses à penser ». Qu'est-ce que cela veut dire ? Que se cache t-il derrière ces mots ? A quoi fait-elle allusion ici ?

2) Une seconde discussion avec une retraitée française ayant vécu 15 ans en Afrique avec son mari, ce dernier étant toujours impliqué dans des projets sur ce continent. Cette femme se plaignait du manque de soin de la population africaine envers les dispositifs, mis en place par son mari, dans la gestion de l'eau des villages. Elle semblait lassée et résignée de ce comportement des « africains ». Pourtant, elle est active au sein du CDTM (Centre de Documentation Tiers-Monde) de Montpellier, impliquée sur la documentation et sur les informations concernant les pays africains.  
Encore une fois, qu'est-ce que cela veut dire ? Que se cache t-il derrière ces paroles ?


Au départ, j'avais dans l'idée de récolter des informations en me basant sur des expériences de vie en Afrique, afin de me préparer au mieux à cette expérience et d'avoir des clés de départ, dans le but de mieux comprendre des situations sur place que je pourrai interpréter de manière biaisée, avec mon regard extérieur. Cependant, une discussion très enrichissante avec Ernest, collègue de travail et camarade l'année dernière en Master Développement Social, a attiré mon attention sur les conséquences possibles de cette recherche d'informations. Avant même d'être sur le terrain, je vais me mettre en tête des schémas de compréhensions et d'analyses qui ne sont pas les miens et qui sont forcément singuliers. Il y a deux angles d'attaques intéressants à relever dans ce constat : l'enseignement vient d'une part d'une population occidentale et d'autre part d'une population autochtone ayant subi un certain nombre de dominations depuis des centaines d'années. Qu'est-ce que cela implique dans leurs récits ? Où dois-je me situer personnellement par rapport à ces discours? 

Tous ces exemples sont très intéressants et m'obligent à y porter attention. Cependant, je ne suis pas encore sur place. En reprenant un conseil d'une anthropologue, l'important quand on arrive c'est de "se laisser impressionner", de se laisser imprégner par les gens, les odeurs, les lieux, les réactions, les modes de vies, la culture...


dimanche 21 décembre 2014

Différents niveaux d'attention

Dans le cadre de cette année universitaire, plusieurs réalités sont à l’œuvre en ce qui concerne ce travail d'écriture du mémoire. Pour répondre à ces différents objectifs, je développerai une écriture à trois niveaux : un premier niveau universitaire (à propos des attentes vis-à-vis du stage et du mémoire) ; un deuxième niveau professionnel (la mission de stage et les attentes de la structure) ; un troisième niveau personnel (à propos de mon évolution personnelle à l'issue de cette expérience). C'est avec ces trois préoccupations à l'esprit que je souhaiterais réaliser ce travail d'écriture.

A) Premier niveau : les attentes universitaires

Au delà du choix de la thématique de notre recherche, c'est pour moi une méthode de recherche en sociologie auquel j'ai envie de porter attention. Si je m'intéresse à la recherche-action : quels en sont les codes ? Quelle organisation adopter pour effectuer une recherche aboutie ? Comment organiser son temps pour réaliser de bout en bout une réflexion et présenter un travail suffisant à la sortie ? Quels outils et méthodes adopter afin de mener à bien cette recherche ? Comment définir une bibliographie pertinente afin d'alimenter les réflexions émanent du terrain ?

B) Deuxième niveau : les attentes de la structure d'accueil

Avant toute collaboration, il apparaît nécessaire de se poser la question des différents jeux d'acteurs. En effet, dans le cadre de la mission de stage, il s'agira de définir du mieux possible les attentes de la structure. Quel travail dois-je réaliser ? Est-ce que ce travail n'a pas déjà été fait, ou du moins en partie ? Dans ce cas précis, des études sur le système éducatif de Lomé ont déjà été réalisées. Mais selon les dires du responsable sur place, elles n'étaient pas suffisantes. Qu'est-ce qu'il manquait ? Quels étaient les objectifs de ces études ? Quels étaient les moyens ? Quels sont les objectifs (peut-être inavoués) de la structure ? En quoi sont-ils différents de ce qu'il s'est déjà fait auparavant ? Cette démarche d'analyse et d'état des lieux doit aboutir afin de permettre la mise en place de projets concrets répondants aux attentes et besoins identifiés lors de l'étude. De quelles ressources l'association dispose-t-elle ?

C) Troisième niveau : mes attentes personnelles

Au delà des préoccupations universitaires ou professionnelles (être un bon étudiant, être un bon stagiaire), cette étape est aussi celle de la construction d'un individu. En effet, au vue de la nature actuelle de mes questionnements personnels, je pourrai dire que je suis en construction et en réflexion sur mon avenir professionnel et ma vie personnelle future. Ainsi, je suis amené à me poser un certain nombre de questions. Pourquoi ce choix d'un stage au Togo ? Quelles ont été mes appréhensions de départ ? Alors que la décision a été prise, quelles sont actuellement mes préoccupations avant le début de cette aventure togolaise ?

Quels sont mes a priori sur la structure de stage ?
Une histoire de détournement de fond au sein de l'ancienne association. Le président ayant été exclu du cadre de la structure. La structure blacklister auprès du gouvernement togolais. Ainsi Eddy (le coordinateur général et interlocuteur principal) à participer à la création d'une nouvelle association, celle avec laquelle je m'engage aujourd'hui : Afrik'Avenir.


 Quelles sont mes attentes à propos du travail que j'aurai à réaliser ? Comment cette expérience de cinq mois en Afrique peut m'aider à définir un projet professionnel futur ? Autant de question qui trouveront peut-être des réponses tout au long de cette expérience.


samedi 20 décembre 2014

L'opportunité d'un stage dans l'éducation au Togo

J'ai saisi une opportunité de stage venant du Togo, qui nous a été transmise par notre responsable de formation. L'opportunité de stage étant de travailler dans la capitale, Lomé, dans le cadre d'un projet sur l'éducation. Nous sommes deux étudiants du master à partir au Togo, sur la même mission. D'après les informations que nous avons eues jusqu'à présent, nous serons en charge d'une évaluation du système éducatif d'un quartier de Lomé. L'étude portera sur les premier, deuxième et troisième degrés du système scolaire togolais. La mission se déroulera en plusieurs phases :

A) 2 semaines : Recherche documentaires sur les différentes études qui ont déjà eu lieu par le passé sur le système éducatif à Lomé.

B) 6-8 semaines : Interventions dans les écoles à différents niveaux.  
Observation des pratiques quotidiennes des enseignants.
Intervention auprès des responsables éducatifs

C) Durée indéterminée : Analyse des données recueillies et rédaction d'un rapport de synthèse ainsi que des préconisations.

D) Discussions avec les institutionnels et universitaires notamment à travers l'organisation d'ateliers avec des étudiants de Lomé à propos des actions à mettre en place avec leurs concours

E) Réalisation, conception et mise en place d'actions concrètes visant à valider les projets et permettre à l'association de les formaliser pour la venue de prochains bénévoles désirant travailler sur le volet de l'éducation de l'association.

 Ce programme apparaît comme très ambitieux. N'ayant aucun élément sur les temporalités sur place et n'ayant aucune certitude sur ma capacité (et celle de l'autre étudiant impliqué dans ce projet), il ne sera pas exclu que ce projet soit largement redéfini en cours de route.


mercredi 10 décembre 2014

L'éducation à l'internationale: une thématique importante pour moi


Il me paraît difficile de réaliser un travail de recherche sans se poser en profondeur la question du choix de l'objet de recherche. L'éducation est pour moi, l'une des choses essentielles qui compose une société, une civilisation. J’ai tout d’abord été entrainé dans une formation universitaire dans le technique, héritage d'une figure paternelle forte et envoûtante. La science m'est apparue alors comme une vérité absolue, une nécessité et une passion de la compréhension des phénomènes physiques qui nous entoure. 


Mais au gré de multiples voyages, j'ai découvert tout autre chose : au-delà du monde physique, il y a le monde des personnes et des êtres que nous côtoyons. C'est alors que cette curiosité scientifique, cette soif de comprendre les mécanismes de la matière s'est transformé en un goût prononcé pour des questionnements d'ordre sociétal. A ce moment là est entré en jeu une figure maternelle représentant l'enfance, l'éducation, le questionnement et la compréhension des êtres, particulièrement les enfants. 


C'est alors que mes pensées se sont figées autour de l'éducation et de son importance dans toute société. Le constat peut paraître trivial, mais pour autant il me semble justifié. La durée de vie de tout élément sur terre est limitée, à commencer par l'homme. Jusqu'à aujourd'hui, toute chose vivante sur terre prend fin, tout du moins de manière physique. Dans l'idée du développement des êtres humains, afin de participer à « l'évolution » d'une société, les individus doivent alors entre eux se transmettre leurs connaissances. L'institutionnalisation de cette transmission, au sens large, se retrouve dans l'éducation. Chaque action d'un individu est la résultante d'une multitude d'interactions qu'il a eues dans le passé avec son environnement (naturel, social, familial, professionnel). Tout est alors question d'apprentissages, d'échanges et de transmissions. 


En reprenant le problème de l'absentéisme à l'école, particulièrement dans les universités, je propose un constat sans appel. Bien qu'en prenant en compte la situation de chaque étudiant (contexte social particulier, rapport à l'éducation multiple et évolutif) je m'efforcerai toujours de considérer en premier lieu, que la « faute », le « dysfonctionnement » de la transmission du savoir, est à mettre au crédit de l'enseignant et non pas de l'élève. De la société, des institutions, de l'enseignant, du « savant », celui qui transmet et non pas au crédit de l'apprenant (l'élève). A la faveur d'une expérience réalisée dans le champ de l'éducation l'année dernière, je désire poursuivre l'apprentissage de cette thématique. 


De part mon vécu, la dimension international reste quelque chose que j'aimerais associer à mon projet professionnel. Cependant, un certain nombre de questions restent ouvertes à propos de ce choix : Pourquoi ne pas porter un intérêt à son propre pays ? Quel sentiment d'appartenance ai-je par rapport à la France ? Pourquoi le choix de partir à l'étranger ? Quelles différences je fais entre les pays dits « développés » et les pays des tiers-mondes ? Qu'est-ce que le voyage constitue pour moi, dans le constat d'une « vie sans racine » ?


lundi 1 décembre 2014

La découverte du champ du social à l'université

Mon positionnement universitaire dans le champ du social et de la sociologie n'est que très récent. Autant dire que ces questions personnelles sur notre société, que j'avais au départ, ont été alimentées dernièrement par une ressource que je valorise depuis toujours, venant de ma famille je le pense : l'éducation. En effet, toutes ces questions autour de la nature humaine, des situations de conflits et des inégalités ont été précisées par un certain nombre de connaissances universitaires et de positionnements pluriels des différents universitaires que j'ai pu rencontrer au cours de mes années d'étude.

Depuis le début de mes études dans le social, commencées l'année dernière, je suis partagé entre une démarche intellectuelle, contextuelle et réflexive au sens d'une compréhension personnelle (précédent toute action ou agissement) et une démarche plus opérative, réalisatrice et professionnalisante au sens de l'action directe. Ma curiosité m'a amené à me poser des questions et à avoir une posture plus passive, développée par un goût prononcé pour l'observation. J'ai ainsi voulu prêter attention au milieu de la recherche. Mais ce milieu de la recherche est loin d'avoir comblé mes attentes actuelles. C'est pourquoi j'ambitionne de donner une tournure professionnelle à mon projet de vie à la suite de ma formation de master. J'ai le sentiment que les questionnements qui m'animent, manquent grandement d'expérience de terrain et de vécu. Il me semble donc pour l'heure prématuré de prétendre pouvoir faire de la recherche. En effet, je n'éprouve actuellement pas de légitimité lorsque je parle du sujet qui m'intéresse, à savoir l'éducation dans les pays des tiers-mondes. Sans pour autant considérer celle-ci comme absolue, mais tout en sachant que chacun porte en lui une légitimité qui lui est propre de part le simple fait de son existence, je ne me sens pas pour l'instant apte à pouvoir parler de manière professionnelle. Je ne me sens pas capable d'avoir un certain recul par rapport à ce milieu, cette profession, dans laquelle je souhaiterais évoluer dans les années futures. C'est dans ce positionnement de professionnalisation que je voudrais aborder mon travail de recherche. Sans exclure pour autant l'idée de la recherche, mais plus tard, à la suite d'une expérience professionnelle déjà bien engagée.

J'exprimerai cette dualité actuelle de positionnement personnel par une opposition supposée entre l'agir et le comprendre, entre l'action et la réflexion. Avec cette image du travailleur qui va au charbon et celle du chercheur qui observe, passif, une situation. Cette conception, cependant, a été très largement bousculée lors de ces deux dernières années, avec la découverte de ce que l'on appelle la recherche-action. A la lecture d'un texte de W.E. VAN TRIER sur la recherche-action, cela m'a permis d'en comprendre davantage à ce sujet. Comme VAN TRIER le rappelle justement, Kurt Lewin définissait le concept de recherche action de manière très simple en définissant trois caractéristiques :

1) La recherche devait être menée en collaboration avec les individus.
2) La recherche ne devait plus être faite en laboratoire mais en milieu « naturel ».
3) Avant et après chaque phase d'intervention, on devait mesurer les attitudes et les comportements des individus.

On peut remarquer ici le caractère très scientifique de cette démarche. Sans pour autant enlever sa scientificité à la sociologie il est, cependant, bon de rappeler que les méthodes et théories dans ce domaine ne peuvent de nos jours plus être considérées de manière aussi normative et objective.

La définition que donne VAN TRIER de la recherche-action part du postulat que toute recherche, qu’elle soit expérimentale ou de terrain, de part des processus de communications naturels, aura des « effets pragmatiques aussi bien sur les participants que sur le contexte social de la recherche »1.
Ainsi, l'accent de différenciation d'une recherche-action plutôt qu'une recherche « classique » devrait se situer autour des motivations de départ de l'intervention mais également autour de l'usage des connaissances produites à la suite du travail de recherche. En conclusion de son écrit, l'auteur interpelle très justement sur cette origine de la dynamique de recherche en pointant du doigt le fait que les chercheurs sont, aujourd'hui encore, majoritairement à l'origine de la plupart des travaux de recherche-action.

« En résumé, on peut dire que les théoriciens de la recherche-action restent silencieux sur le problème crucial, qu'ils soulèvent eux-mêmes par leur prescription de produire une situation de communication sans autorité. C'est-à-dire : comment en finir avec la position de chercheur ? Comment en finir avec le pouvoir des énoncés scientifiques ? »2

Je pense que cette problématisation finale est des plus intéressantes, notamment dans une considération politique et citoyenne de l'activité de recherche. En effet, les mouvements autour de l'éducation tout au long de la vie, la réflexion sur notre activité, le rôle de chaque individu au sein d'une société ; tout ceci pourrait très bien pour moi être considéré comme de la recherche-action.

1 Van Trier W. E. La recherche-action. In: Déviance et société. 1980 - Vol. 4 - N°2. pp. 179-193.

2 Van Trier W. E. La recherche-action. In: Déviance et société. 1980 - Vol. 4 - N°2. pp. 179-193.