Une
fois la période des fêtes passée, s'en est venu le temps du
travail et de la mise en route du projet sur l'éducation porté par
l'association Afrik'Avenir. Les premiers constats sont à mettre du
côté de l'absence d'organisation au sein de l'association, visible
au premier regard. Nous sommes arrivées pour mettre en place un
projet d'éducation. En nos qualités d'étudiants en sociologie,
nous n'avons pas la prétention de venir évaluer une pratique
pédagogique, mais constater le fonctionnement des écoles observées,
les possibles besoins de celle-ci et l'identification des
possibilités d'action de l'association. Dans un premier temps, afin
de commencer ce travail, le coordinateur général nous a présenter
les établissements dans lesquels nous allions réaliser nos
observations : école primaires, collèges et lycées, publics,
privées et confessionnels. Notre étude devait porter au départ sur
l'ensemble de Lomé mais au vu des limites, notamment en ressources
humaines de l'association, cette idée de départ sera ramené au
quartier d'Adidogomé. Un échantillon de 7 à 8 établissements sera
visé pour cette première phase d'observation. Au cours de la prise
de contact avec les différents établissements, certaines pratiques
ont été mise à jour et différenciées. En effet, selon moi, cette
prise de contact aurait pu se faire d'une certaine manière :
récupérer le numéro de téléphone des secrétariats des
différents établissements (par internet ou d'autres moyens),
appeler et prendre rendez-vous avec les responsables, présenter le
projet, attendre la confirmation de partenariat puis commencer à
travailler avec l'établissement. Cette solution me paraissait être
la plus « logique », la plus « efficace ».
Cependant le responsable de l'association nous à présenter une
toute autre démarche. Nous sommes allez en personne voir les
responsables des établissements, qui n'était pas toujours
disponible, pas toujours présent. Cela a donné lieu à plusieurs
visites dans l'établissement. Nous avons convenu de rendez-vous puis
sommes revenu présenter officiellement le projet avec une demande
partenariat officiel. L'organisation hiérarchique de
l'administration togolaise est très importante. Il est nécessaire
pour un tel partenariat d'un établissement scolaire avec une
association, que la demande officielle soit transmises à
l'administration concernée. Dans la cas des établissements privées,
la demande doit être diffusée au fondateur de l'établissement (le
propriétaire). Dans ce dernier cas, un collège/lycée privé que
nous avions sollicité et que nous avons relancé plusieurs fois n'a
pas donner suite, sans jamais nous avertir de son refus. Ce premier
contact avec le milieu éducatif au Togo a fait apparaître la forte
présence de la hiérarchie, du respect du pouvoir. Les directeurs
d'établissements étant très respecté par les professeurs, et les
élèves très respectueux des professeurs. Très rapidement dans la
phase de prospection du projet, nous avons été livré à nous même,
le coordinateur nous « faisant confiance » pour gérer le
déroulement du projet. Hormis quelques demandes éparses au cours de
notre travail, il n'a pas mis le nez dans le déroulement de travail
et nous a laissé libre de s'organiser, de prendre des rendez-vous et
d'effectuer les semaines sans sa présence.
Globalement,
ce fut un plaisir de venir présenter le projet éducation porter par
l'association, tant les professeurs et la direction des
établissements volontaires, nous ont accueillis avec plaisir,
sympathie et respect. Considérations dures, froides et parfois
agressives et dominatrices, de la direction envers les élèves d'une
part et les enseignants d'autres part, me fait comprendre les
attentes particulières des établissements quant à une proposition,
aussi minime soit-elle, d'aide, de partenariat, d'apports quelconque.
Dans la majorité des cas, les écoles sélectionnées n'ont jamais
accueilli de bénévoles blancs par le passé (le bénévolat des
togolais étant très limité selon les responsables de
l'association, et les bénévoles étrangers viennent essentiellement
des pays occidentaux ). Un certain nombre d'enseignants et de
directeurs d'établissements l'ont répété, « le seul fait
que les élèves voient quelqu'un qui s'intéresse à eux, ça les
motivent ». Actuellement, les élections présidentielles
approchent, les revendications sociales sont très fortes notamment
au sein de l'éducation. Les grèves sont fréquentes et perturbent
le travail d'observation.
En
conclusion de cet article, voici quelques impressions sur ces
premiers échanges avec les acteurs de l'éducation togolaise. Je
dirais dans un premier temps que les semaines d'observations
effectués ont été le révélateur d'une réalité médiatique qui
nous est diffusée partiellement en occident. Se retrouver dans une
classe de 6ème avec 130 élèves dans une salle, serré sur un banc.
Sentir la chaleur de la classe, constater l'ancienneté des
programmes scolaires, certain programme d' SVT de premier cycle sont
vieux de plus de 20 ans. La violence de certains professeur au sein
des classes (il est légalement interdit depuis plusieurs années
maintenant tous sévices corporels ou morales sur un élève),
convaincu de leurs méthodes, est un événement qui m'a touché.
Bien entendu, il ne s'agit pas dans un tel moment, de venir jouer les
donneurs de leçons et se positionner ouvertement en défenseur
« universel » d'une éducation occidentale qui a banni
ces pratiques il n'y a que peu de temps. Il s'agit plutôt de
comprendre pourquoi cette violence est aussi présente à l'école et
dans l'éducation des enfants. Ce positionnement d'observateur est
pour moi une attitude que je dois garder au maximum tout au long du
stage, tout en partageant nos pratiques occidentales, sans jamais
juger, hiérarchiser ou pire dédaigner certaines pratiques locales
sans avoir saisi toutes leurs mesures et profondeurs.
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