lundi 28 mars 2016

Le voyage comme positionnement de recherche

Depuis les premiers hommes jusqu’à nos jour, nous avons toujours voyager, exploré des contrés lointaines. Les peuples étaient nomades et se déplaçaient pour aller chercher de la nourriture pour leur subsistance. Les occidentaux se sont à un moment donné de l’histoire déplacé pour une mission civilisatrice, pour rependre une connaissance, une croyance qu’ils pensaient absolue. Les grecs avant eux avaient entrepris des voyages en Egypte, en y allant rechercher la connaissance, la confrontation avec l’autre, le partage.(1) Aujourd’hui à l’heure de la mondialisation, de la communication planétaire instantané grâce à un développement sans précédent des technologies de la communication, le monde est connecté. Les marchandises et les hommes se déplacent sans cesse, sur des routes toujours plus nombreuses. Mais les frontières ont tendance à se densifier, les identités à se revendiquer, les croyances à se radicaliser. Ce nouveau monde globalisant se découpe en nations, en sociétés se revendiquant une identité propre, un fonctionnement singulier, mais surtout avec ce sentiment de domination, ce sentiment d’une connaissance ultime (la science moderne), d’un modèle politique absolu (la démocratie). Derrière ces volontés de monde universaliste, se cache selon moi des individualités perdues, qui s’accrochent à des certitudes. Pour moi, au-delà de l’influence familiale, le voyage a commencé lorsque ces certitudes de la société occidentale, la société dans laquelle j’ai grandi, ne m’ont pas convaincus. On dit ainsi que "le voyage commence là ou s'arrêtent nos certitudes."(2) C’est ainsi avec tous ces doutes, ces interrogations intérieures, au regard de cette société que je pouvait contempler, que je suis partie à la découverte de l’autre, de l’inconnu, du lointain, pour chercher des réponses, plus d’informations, une autre explication du monde, d’autres manières de penser, de regarder, de se penser, de partager, de communiquer. Tout au long de ses voyages singuliers, qui depuis 6 ans jalonnent mon existence, j’ai rencontrer l’autre, l’autre voyageur, l’autre autochtone, l’autre étranger, l’autre qui finalement n’était pas si loin de moi, voir même qui est moi, dans une complexité de l’existence, de l’identité. Je l’ai déjà dis, je m’intéresse particulièrement aux disciplines de la recherche dans les sciences humaines, actuellement au sein d’un cursus en sociologie. C’est avec cette identité de sociologue, mais peut-être également d’anthropologue, d’ethnologue, que j’ai l’intension de questionner ces voyages, ces rencontres, leurs singularités, leurs sens au sein de la mondialisation, dans un contexte social qui pose question, mène tout un ensemble de combat à travers le globe. Mon postulat de départ vis-à-vis de cette recherche au cours du voyage, c’est cette parole, cette réflexion, ce questionnement, loin de ses principes moraux, sociaux, éducatifs, familiaux, qui fige et conditionnement la vie d’un individu au sein de sa société. Voici un extrait d’un texte du voyageur-anthropologue Franck Michel, que peux illustrer ce positionnement : « Désormais, un intellectuel engagé est d'abord un intellectuel dégagé. Dégagé des institutions, dégagé des pressions, dégagé des manipulations. Un intellectuel qui récuse tout paiement de gages et qui tente de décrypter l'obligation pour nos contemporains de vivre ensemble. Un intellectuel qui préfère la fête du monde à la fête des voisins et qui, dubitatif, s'interroge du passage actuel de la citoyenneté à la mitoyenneté, d'où l'injonction pour lui et ses pairs de repenser un autre vivre ensemble. On est évidemment très loin du compte. À moins qu'il ne soit exclusivement bancaire. »(3) 

(1) L’homme et le voyage, une connaissance éprouvée sous le signe de la rencontre, www.Marco-Polo.org, B. Fernandez
(2) Citation Frank Michel
(3) L’imaginaire et l’imagination au pouvoir, Franck Michel, revue l’autre Voie n°11, 2015

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