lundi 14 mars 2016

Voir et réagir à la pauvreté dans un milieu inconnu

Qu’est-ce que la misère ? Ou elle se trouve ? Comment doit-on réagir face à elle ? Comment peut-on la décrire ? La penser, la comprendre, l’analyser afin de la combattre, ce qui est je l’espère quelques choses de commun à un grand nombre des sociétés qui peuplent actuellement la terre. Le larousse défini la misère comme une extrême pauvreté, une privation aigüe de besoins vitaux, manger, dormir, se loger, s’habiller, se sociabiliser, etc… On parle en France de misère sociale, d’exclusion, de chômage, d’appauvrissement culturelle sur fond de mondialisation rimant avec ploutocratisation, uniformisation, consommation et acceptation de différents systèmes de domination. Mais cette misère que l’on voit chez nous, ses différentes formes d’expressions, nous y sommes dans un sens habitué, elles nous constituent, nous habitent depuis notre naissance, notre enfance passée à l’intérieure d’une société particulière, inégalitaire et qui depuis le début nous a montré un degré de cette misère. Cela étant dit, je pense qu’il est alors difficile de se mettre de côté et regarder cette inégalité, ces différences, ces problématiques, sans les juger, les juger avec ce qui nous constituent au plus profond de nous-même. Vivant dans de beau quartier, dans une belle maison , appartenant à une famille aisée, que viennent nous dirent ses gens à la sortie du métro, dans les rues, désœuvrés, sans abris, faisant la manche ? Selon moi il nous renvoi cette image de notre société, une image qui nous dit que ça ne va pas, une image qui nous dit que nous avons échoué, une image qui nous dit que tout le monde n’est pas heureux, une imagine qui nous dit que nous, en tant qu’individu, nous avons participé à cela. Alors le fait que nous, nous soyons heureux, et que l’autre non, ainsi commence un conflit interne, une violence intérieure qui nous animent, un refus de voir la réalité en face, une remise en question presque instinctive de l’autre, celui qui n’a pas réussie. On en vient alors a des explications physiques, ethniques, économiques, sociologiques, des constructions mentales qui vous nous rassurer car expliquer dans un premier temps le pourquoi de la situation. Un exemple en France avec actuellement une remise en cause dans les textes, dans la lois, du chômeur. Il faut le responsabiliser. Il n’est pas majoritaire, nous (la masse) on a un boulot alors pourquoi lui n’en a pas, ça vient certainement de lui et non pas du système en place qui me confirme en tant qu’acteur de ma société. Mais cette situation restera conflictuelle à l’intérieure. Ce que je trouve intéressant et ce qui me pousse à voyager, c’est cette mise en perspective, ce changement de position constant, ces observations aux seins de sociétés qui me sont alors inconnus. Alors là j’ouvre plus grand les yeux, j’absorbent plus d’informations, je juge moins, enfin je crois, j’essaye. Je me retrouvent à regarder les évènements avec plus de recul, moins de constructions mentales préétablies. Même si à l’heure actuelle, à l’heure de la mondialisation, la globalisation de l’information, nous pensons tout savoir sur tout et sur tous le monde, nous avons déjà une petite (voir grande, à mettre en rapport à notre conditionnement occidentalo-impérialiste de départ) idée préétabli de la misère du monde, de l’autre, la misère du lointain, la misère en Afrique, la misère en Asie, la misère dans les favelas de Rio de Janeiro, la misère en Roumanie, la misère dans les pays arabes ravager par les guerres du pétrole et les guerres terroristes. Pour ma part, mon expérience togolaise en Afrique et cette expérience actuelle entre l’Inde et le Népal m’a permis de faire naître ses questionnements intérieurs. 

L’élément déclencheur a été vécu au Népal, à mon arrivée à Katmandou, la capitale. Après une nuit de train et quelques heures de bus depuis New-Delhi, je suis arrivé à la frontière indo-népalaise. J’ai traversée la frontière à pied, et ai pu voir très distinctement le changement de pays. La morphologie des népalais étant assez différentes de celle des indiens, bien que celle-ci reste diverse et variée selon la région de l’inde ou l’on se trouve. Voilà la première particularité qui m’a frappé en arrivant au Népal. J’ai tout de suite trouvé des gens accueillant et souriant, de manière plus franche que ce que j’avais pu ressentir en Inde. Me voilà installer dans un guesthouse du centre-ville, à partager une chambre d’hôtel avec un compagnon de voyage depuis bientôt 2 semaines. A deux pas de notre auberge se trouve Katmandu Durbar square, une place très fréquenté par les locaux et par les touristes, qu’on occupe souvent le soir pour boire un thé et observer la vie autour de nous. Et ça a commencé ici, une dizaine de gamins des rues, qui vivent là. Ils ont les vêtements déchirés, ne paraissent pas se laver souvent, respire de la colle dans des sachets plastiques, fume lorsqu’ils trouvent des mégots pas fini par terre. Et ils viennent nous demander de l’argent, demander un thé ou à manger. J’ai souvent entendu ses paroles de voyageurs mais aussi de travailleurs sociaux, qu’ils ne donnent pas d’argent à des enfants des rues car ils ne veulent pas les inciter à continuer… Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi se sentons obligé de juger la personne à laquelle on va donner de l’argent. Parce qu’on ne lui donne pas pour la personne qu’elle est ? Parce qu’on lui donne de l’argent en l’incitant à correspondre à notre mode de penser, de développement personnel ? « La drogue c’est mal, si je donne de l’argent a un clochard ou à un gamin des rues, ils vont avoir la possibilité de s’acheter de l’alcool ou de la colle ou d’autres drogues. Je ne veux pas participer à cela. » C’est là le raisonnement ? Je n’ai pas donné d’argent à ses enfants, je n’en connais pas la raison, je la cherche encore. Peut-être que j’avais peur qu’ensuite ils me demandent tout le temps avec plus d’insistance et en plus grand nombre, j’avais alors peur d’avoir à affronter cette réalité d’un monde de misère, de souffrances, d’inégalités, de manière plus soutenue. En Inde les touristes s’offusquaient en me racontant que « les gens te demandent de leur acheter de la nourriture, vont avec toi, tu repars et ils retournent dans le restaurant revendre la nourriture. » Et bien oui, ils ont compris que tu ne leurs donnerais pas d’argent, que tu veux les « nourrir », alors ils font en sortent de te plaire pour obtenir ce qu’ils veulent. Bien entendu on connais bien les histoires des familles qui ne sont « pas réellement » dans le besoin mais qui envoient leurs enfants en zone touristique pour gagner un peu d’argent en plus, au détriment de la scolarité de celui-ci. Quelles vérités, quels pourcentages ? Je ne sais pas, mais cela ne m’importe peux. Je voudrais me concentrer sur l’action même du don. Depuis mon voyage en Afrique je me suis dis que je ne donnerais pas aux gens dans la rue. Je l’ai pourtant fait en Inde sans trop savoir pourquoi. Mais je me suis dis une chose, cette participation, cette ouverture sur l’autre, celui qui semble avoir plus de besoins que soi, besoins auxquels je pourrais participer, je veux le faire via une action d’une durée étendue, dans le cadre d’un projet, une association, travaillant avec ses populations. Je ne l’ai pas fait en Inde, l’ai fait dans le cadre d’un stage au Togo, et j’espère le faire ici au Népal et plus tard dans ma vie futur. 

Bien que les liens entre les situations de misères dans les pays dit des tiers-monde et les situations plus voir beaucoup plus aisées au niveau global des pays dit développés ne sont jamais facile à établir, nous ne pouvons pas nier certains effet de domination du nord vers le sud. Une des différences flagrantes que je peux remarquer entre mon expérience togolaise et celle asiatique, c’est le lien direct fait par beaucoup de togolais à propos de leur situation et de mon implication personnelle, en tant que blanc, et avant tout en tant que français. En effet j’en ai déjà parlé, le Togo est une ancienne colonie française, qui a négocié son « indépendance » au début des années 60. Depuis la France, il est de coutume de dire que la vision gaulliste de l’empire coloniale français, sa puissance et son importance pour le pays est indéniable et doit être préservé à tout pris, perdure jusqu’à nos jours. À l’arrivée sur le territoire togolais je me suis intéressé à l’histoire du pays. Naturellement, j’en suis venu à m’intéressé d’un peu plus près à l’esclavage en Afrique, la colonisation et l’indépendance du Togo et les évènements socio-politiques du pays depuis.

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